Les femmes est-ce un débats ?

Présentation :

« Les femmes ont toujours travaillé »… cette affirmation, qui est aussi le titre d’un ouvrage de Sylvie Schweitzer, se veut aussi prise de position féministe, revendication d’une reconnaissance sociale de la part prise par les femmes, à travers leur labeur quotidien, à la production de notre monde. Mais elle nous invite aussi à une réflexion à partir des recherches, historiques en tout premier lieu, concernant la place dévolue aux femmes dans le(s) monde(s) du travail. L’objectif de cette journée d’étude du séminaire « genre et norme » sera ainsi de mettre en évidence les normes qui affectent des positions différenciées et inégalitaires aux hommes et aux femmes. On s’intéressera aux questions d’invisibilisation, de (dé)valorisation, de séparation/mixité, de stabilité/flexiblité, de professionnalisation/engagement… afin de mieux comprendre pourquoi, dans ces rapports entre femmes et travail, « tout bouge et rien ne change ».

Ève Lamendour, Sciences de Gestion, CEREGE, Université de La Rochelle :
« Les femmes décideurs dans l’entreprise : une aveuglante absence »
La place des femmes dans l’entreprise fait question aujourd’hui. Nombre d’études récentes notent leur faible représentation dans les postes à responsabilité de l’entreprise, que l’indicateur retenu soit le titre de directeur général, le fait d’appartenir au conseil d’administration d’une entreprise du CAC 40 ou la part de femmes parmi les créateurs d’entreprise. On se propose d’éclairer le constat par une approche des représentations de la femme dans l’entreprise. En dressant un bilan d’images des représentations de la femme dans l’entreprise à travers ce média de masse qu’est le cinéma, le premier constat est celui d’une très faible visibilité des femmes en position de décideur. Sur un total de 326 films étudiés et sélectionnés comme représentant de façon marquante les questions managériales, nous avons été à même d’identifier 18 films donnant à une interprète féminine le rôle du dirigeant, ou tout au moins un rôle central dans cette fonction. Dans cette représentation mineure, trois figures principales se dégagent : l’héritière, la jeune fille, la femme forte.

Natacha Coquery, Histoire, LARHRA UMR 5190, Université Lyon 2 :
« Femme au travail sous l’ancien régime : incapacité, flexibilité, identité »
L’exposé sera centré sur la question de la femme artisane et/ou commerçante du XVIIIe siècle (hors-dans les corporations), parce qu’elle tient une place vitale mais complexe dans l’économie corporative pré-industrielle. Après une présentation à la fois historiographique et problématique, je prendrai un cas particulier : le genre des métiers tel qu’il apparaît dans la grande œuvre du début du XVIIIe siècle consacrée aux petits métiers : le Dictionnaire universel de commerce de Savary des Bruslons.

Cathy Krohmer, Sciences de Gestion, LEMNA IEMN-IAE, Université de Nantes :
« Genre et démarche compétence dans les organisations »
Depuis plus d’une vingtaine d’années, la compétence questionne les acteurs du monde de l’entreprise et de la recherche. Dans les organisations, les démarches compétences constituent un ensemble de pratiques qui vise le renouvellement des règles de travail et/ou de gestion de l’emploi. De façon parallèle, les questions de lutte contre les discriminations et promotion de l’égalité des chances se développent. L’on parle aussi souvent de management de la diversité. Nous nous intéresserons ici plus particulièrement à la promotion de l’égalité homme-femme. Ces deux pratiques se rencontrent-elles ? Existe-t-il des liens ou au contraire les territoires sont-ils marqués entre ces deux pratiques ?

Érika Flahault , Sociologie, ESO UMR 6590, Université du Maine :
« Le Planning familial et la professionnalisation du conseil conjugal et familial : une reproduction de la norme de genre au nom de la subversion ? »
L’activité de conseil conjugal et familial existe en France depuis les années 1930, conçue dans le milieu associatif catholique pour la préparation des jeunes au mariage. Mais c’est au début des années 1960 qu’elle se développe, dans un autre milieu associatif aux valeurs très différentes, le Planning familial. Cette activité occupée à plus de 90% par des femmes reste aujourd’hui, après plus de 80 ans d’existence et 40 ans de reconnaissance institutionnelle (il s’agit d’un métier auquel il est fait référence dans plusieurs textes de loi), « en quête de reconnaissance ». Une lecture en termes de genre (et plus précisément en termes de division sexuelle et division sociale du travail) permet d’apporter un éclairage nouveau sur cette histoire quelque peu déroutante. On peut ainsi y lire l’ambivalence d’une association féministe qui tout à la fois subvertit le genre en son sein pour faire émerger et reconnaître cette nouvelle activité, et par ailleurs participe de la reproduction des normes de genre de par ses positions longtemps hostiles à la professionnalisation engagée par l’ensemble des acteurs .